Fondée en 1927, la librairie Richer met à la disposition de ses clients 95 ans de savoir-faire. Une surface de vente de 1200m2 qui propose un fonds riche en qualité et varié en nombre de références représentant toutes les spécialités de librairie.

Jean T.

https://lecturesdereves.wordpress.com/

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Éditions de l'Homme Sans Nom

21,90
Conseillé par (Libraire)
26 septembre 2023

À Venise, huit personnes employées par la même clinique suisse logent dans le même hôtel. Sept d'entre elles sont retrouvées mortes. Louise Michel est la seule rescapée que la police soupçonne fortement d'être l'auteure de ces meurtres mystérieux. Aucune trace de la cause de la mort n'ayant été trouvée, elle est libre de rentrer à Neufchâtel. Affolée, elle contacte une organisation, la Sainte-Cécile qui lui envoie deux enquêteurs, Évariste et le jeune Isabeau.

Sur place, ils découvrent une clinique fondée par Marcel Sorel qui a perdu son fils pendant la Seconde Guerre, pour venir en aide à ceux qui ont souffert de traumatismes psychologiques. Se développant, elle soigne aussi des enfants, dont certains de bonnes familles de la ville. Une banque vaticane soutient cette clinique.
Le duo improbable d'Évariste dont la mémoire est immense, et d'Isabeau qui est plus fin que semble croire son collègue, va avoir des difficultés à trouver des indices et à démasquer le ou la coupable.
Entre deux chapitres, un prisonnier anonyme du camp de Struthof raconte dans son journal, l'enfer le la vie dans ce camp.
Oren Miller met en scène le duo d'inspecteur dans ce troisième roman. Il fonctionne plutôt bien. Le roman s'intéresse à la maltraitance psychologique poussée à son maximum, dans le but d'asservir les personnes en manipulant leur psyché, et en les programmant pour des actes malveillants ou criminels.
L'intrigue tient jusqu'aux dernières pages. Le contexte permet des moments d'horreur.

18,90
Conseillé par (Libraire)
8 septembre 2023

Dans son trente-deuxième roman publié, Amélie Nothomb exprime son amour pour les oiseaux et comment elle se représente en oiseau, surtout en cet "engoulevent oreillard" qui a l'apparence d'un dragon.

La fille de diplomate évoque sa vie dans des lieux où le métier de son père l'a menée : le Japon, la Chine, la Birmanie, le Laos, la France et la Belgique. Et le Bangladesh où, à l'âge de douze ans, elle a été violée. Viol qu'elle a raconté dans "Biographie de la faim" en 2004. Il est ici raconté en deux lignes, ce qui compte n'étant pas de narrer le détail des faits, mais de dire l'impact qu'il a eu dans sa vie. Elle cite aussi l'anorexie "qui lui a donné l'envie de rejoindre la mort en elle". C'est ici que surgit le psychopompe, celui qui approche les morts, celui qui, dans la mythologie, "accompagne les âmes des morts et les fait traverser le fleuve des enfers dans les deux sens". Un oiseau, si on regarde la représentation du Saint-Esprit dans la Trinité chrétienne.
Alors, "écrire, c'est voler". C'est se lancer dans l'écriture comme l'oiseau s'élance dans l'air, chose très difficile, et risquer de se perdre, de chuter.
Amélie Nothomb interprète sa vie comme étant une expérience de psychopompe. C'est patent lorsqu'elle parle de "Soif" où elle devient "le psychopompe du Christ", "celui dont le trépas fut le destin suprême, l'escorter au moment précis de sa mort et après". Et plus encore pour l'écriture de "Premier sang", son père et elle dialoguant des mots qu'ils ne s'étaient pas dit de son vivant.
Psychopompe est un roman important dans l’œuvre d'Amélie Nothomb. L'écrivaine raconte comment elle a découvert le monde, comment elle le lit, de quoi tient son style littéraire, comment elle trouve des sens très personnels aux événements qu'elle traverse, tout ceci à vol d'oiseau. Une fois de plus, elle surprend avec sa vision originale, ses mots méconnus, son tallent de conteuse, sa faculté à raconter son histoire qu'on croit déjà connaître. Elle nous offre de la côtoyer dans son vol, sa lutte contre la pesanteur, sa recherche de lumière, et de percevoir, nous aussi, autrement le monde, d'en découvrir des détails que, terriens, nous ne soupçonnons pas.

Conseillé par (Libraire)
1 septembre 2023

La Dalécarlie est une région de Suède réputée pour ses grandes étendues de forêts, ses rivières, ses cascades et ses lacs. C'est l'endroit idéal pour la pêche, le kayak, les loisirs aquatiques, la randonnée. La Suède n'a été inquiète du réchauffement climatique sauf quand, en 2014 et 2018, des feux de forêts géants ont désorganisé le pays, paralysé les autorités et mis à mal la cohésion sociale.

Jens Liljestrand ne raconte pas les feux de forêts, mais ce que vivent et ressentent les individus qui les fuient. Dans le roman, ils sont quatre personnages principaux qui donnent le titre à quatre parties : Didrik, le père de famille consultant en médias qui pense faire ce qu'il faut pour sauver les siens, Melissa l'influenceuse qui rêve d'écrire, André le fils d'un joueur de tennis ayant eu son heure de gloire, qui est en mer au moment des incendies, Vilja, la jeune adolescente fûtée, fille de Didrick qui va mûrir d'un coup et faire beaucoup pour les autres. D'autres personnages jouent des rôles importants, Carola, la compagne de Didrick et Becka, leur bébé, Zachk, le jeune frère dont Vilja s'accuse de la disparition, Puma qui se verrait bien en petit ami de Vilja s'il n'avait pas une copine, Linnea.
Fuyant les incendies, les personnages sont livrés à l'errance, dans des embouteillages monstres, au déchaînement des violences. Ils se perdent, se livrent des pillages pour survivre. Chacun réagit à sa façon, parfois avec courage, s'indignant des carences des institutions, se mettant en colère, fuyant lâchement.
Ce roman post-apocaplyptique interpelle, évidemment. La description très réaliste incite à prendre conscience de notre dépendance aux technologies, à l'électricité, aux transports automobiles, aux commerces alimentaires et de notre éloignement de la nature. Pourrions-nous survivre dans une situation identique ? La lecture du roman impose de confronter notre vision du réchauffement climatique et ce que nous pensons de ce que serait notre comportement à la réalité que documente Jens Liljenstrand.
Un roman passionnant qui ne peut laisser indifférent.

Conseillé par (Libraire)
24 août 2023

Retour sur dix années de pontificat du pape François.
Le livre nous introduit dans un autre monde qui s'appelle le Vatican, là où celui qui est au pouvoir est d'abord celui qui est au service des autres. C'est bien ce qu'a montré François quand il a décidé que le titre quasi-unique de sa fonction serait "Évêque de Rome", indiquant ainsi une orientation pastorale préférentielle.

L'homme qui est à la tête de l'Église, ce jésuite autoritaire, est d'abord un être qui vit une relation intense avec le Christ, allant même jusqu'à installer un bureau pour pouvoir travailler dans sa chapelle.
Dans la lignée de ses prédécesseurs, François s'est attelé à la réforme de la Curie romaine, un rude travail qui a montré sa volonté, son autorité, son savoir politique élevé. Le monde de la Curie se sent "à part", divinement élu, ayant du pouvoir, affecté par une tendance au carriérisme, enfermé dans des fonctions administratives et technocratiques. François a horreur de ce cléricalisme, de la mentalité italienne de la Curie qui fait que tout pape qui n'est pas italien reste un étranger dans le Vatican.
On connaît le pape fils d'immigrés, sympathique, accueillant, proche des gens simples, des migrants et des réfugiés, celui qui tutoie, qui est à l'écoute de ceux qui l'approchent, Jean-Marie Guénois nous montre que celui qui commande à la Curie romaine est un homme déterminé, autoritaire, voire autoritariste, qui peut être cassant. C'est sa solidité pastorale et doctrinale qui l'a fait choisir par les cardinaux du conclave pour mener à bien la réforme commencée en 2014 et publiée en 2022. Le pape jésuite s'est entouré d'hommes en accord avec ses orientations. Il le fallait sans doute pour instaurer la "synodalité" qui confie la marche de l'Église au pape, aux évêques, aux clercs et aux laïcs. "Le synode sur la synodalité" crée un "marcher ensemble" applaudi par l'aile progressiste de l'Église et contesté par les conservateurs et les traditionalistes. C'est une position de responsabilisations de toute la chrétienté qui ouvre la voie à des contestations, par exemple sur l'accueil des divorcés-remariés, sur la possibilité d'un diaconat féminin.
L'ouvrage aborde la question de la succession de François, point d'une grande importance car le futur pape pourrait faire l'Église revenir à la situation antérieure de l'époque de Benoît XVI et Jean-Paul II, car "l'Église craint les réformes", même si François fait tout pour que ses décisions soient irréversibles, notamment en nommant des cardinaux qui lui sont favorables, lesquels, au conclave, éliront le futur pape, qui ne devrait pas revenir en arrière, mais plutôt continuer dans calme, la réforme intitiée par François.
Ce livre écrit par un journaliste possédant une connaissance fine de la vie au Vatican propose une analyse approfondie de l'activité du pape François, du sens de ses décisions, des conséquences théologiques et ecclésiales. Il nous montre "Le monde invisible du pape". L'auteur rappelle l'histoire de Jorge Mario Bergoglio, des épisodes du pontificat de François qui éclairent son "travail" de pape. Il montre que le fonctionnement de l'Église n'est pas dû qu'à l'action de l'Esprit-Saint, que l'élection d'un pape par le conclave, c'est aussi une affaire de politique, de débats entre des hommes qui font valoir leurs positions tout en étant férocement attachés au même objectif, à la même foi dans le seul Christ. L'auteur ne cache cependant pas ses doutes sur l'évolution de l'Église.
Car il n'est pas certain que son successeur continue l'oeuvre de François. Et qui sait ce que feront "les classes moyennes de la sainteté" comme François aime nommer ceux qui constituent l'Église catholique, dont il ne faut pas méconnaître la puissance. Car si l'Église est guidée par les décisions de François, elle n'en n'est pas l'eslave. Elle est foncièrement libre, vivant de sa passion pour Dieu.

Conseillé par (Libraire)
8 août 2023

Pendant la Seconde Guerre mondiale, dans un port de pêche au bord de la mer d'Iroise, en Bretagne, Jean embarque sur "le Mutin", un bateau de pêche côtière. Au grand désespoir de sa mère, Perrine, qui a tout fait pour le dissuader de devenir marin, comme son père disparu en mer. Jean la curieuse habitude d'écrire une lettre quotidienne à sa mère pour lui raconter sa journée.

Au moment de se marier avec Paulette, celle-ci hésite et renonce à lui demander de ne plus aller en mer. Elle aurait dû, car il ne s'arrêtera pas. Il quittera la pêche côtière pour s'embarquer sur un cargo et faire le tour du monde pendant un an. Elle profite de cet embarquement pour apprendre l'anglais décide de passer quelques mois en Angleterre. Il lui écrit de très nombreuses lettres que Paulette, fâchée de son absence, ne lit pas. À son retour, il reprend la pêche côtière.
Le malheur frappe encore la famille. Paulette qui est maintenant mère du jeune Pierre, décide de l'éloigner de la mer et s'installe dans le Haut Jura. Pierre est un enfant casse-cou que la montagne et les alpinistes fascinent. Il se passe dix années avant qu'elle envoie Pierre passer quelques vacances en Bretagne. Elle n'y retourne pas encore. Dix nouvelles années se passent quand Paulette apprend que Pierre a disparu. La mer rusée sait rattraper ceux dont on voudrait qu'ils la fuient, à Paimpol, Pierre a volé un voilier...
Ce livre est un roman de mer, de marins et de femmes. Les hommes qui deviennent pêcheurs, ne cèdent pas à leur passion pour la mer, pour les bateaux de pêche, pour le tour du monde. Par amour, les femmes - épouses, sœurs et mères - cèdent, acceptent en sachant que la mer peut "manger" leurs hommes. Les orphelins ne sont pas oubliés qui doivent se construire avec un père disparu, dont on tait la vie autant que faire se peut, qu'ils idéalisent et qui, un jour, vont aller en mer. Grégory Nicolas ne parle pas du matriarcat des femmes de marins, mais de leurs sentiments, de leurs peurs, de leurs manières de vivre sur la côte tout en se tenant à distance de la mer. Ces femmes sont des héroïnes que l'on oublie lorsqu'on parle de la rude vie des marins partis à la pêche, quand une tempête les noie et que la mer ne rend jamais leurs corps.
D'une écriture alerte et fluide, le roman se lit avec impatience tant on aimerait que la mer reste belle, qu'elle ne soit pas cruelle. L'auteur fait ressortir le tragique de la vie de femme de marin, leur courage, avec une tendresse non dissimulée.
J'habite sur la côte bretonne. Mes promenades me conduisent souvent à la pointe du Roselier, à l'embouchure du port du Légué où un monument aux disparus en mer est dressé. Jusqu'ici, je lisais le nom des marins en ne pensant qu'à eux. Désormais, je penserai aussi à leurs épouses et à leurs sœurs.