David Vann continue son exploration de l’âme humaine, de sa part animale et de l’inanité de la frontière entre le Bien et le Mal.
Le narrateur revient sur les quelques jours qui ont déterminé sa vie, sans jamais que le temps présent n’empiète sur la puissante évocation du passé.
Lors d’une chasse au cerf dans les taillis de la forêt californienne, avec son grand-père, son père et le meilleur ami de celui-ci, Tom, ils repèrent un braconnier, et le petit garçon qui le regarde dans la lunette du fusil de son père, tire. Les opinions divergent alors sur le sort à réserver au corps et le châtiment à infliger ou non à l’enfant. Dans une atmosphère de chasse inéluctable, dans une nature sauvage et hostile, le grand-père règne, patriarche monstrueux et omnipotent d’un ordre ancestral et païen.
Un des romans les plus originaux et les plus essentiels de la rentrée.

Une jeune fille morte est retrouvée dans le Main et la très populaire journaliste télé Hanna Herzmann est brutalement agressée et laissée pour morte, probablement à cause de l’émission très mystérieuse qu’elle préparait. Un coupable semble tout désigné : Kilian Rothemund, un ex-avocat ayant fait de la prison pour pédophilie, et étant récemment entré en contact avec la journaliste. Cependant, il s’avère rapidement aux yeux de Pia Kirchhoff, flanquée du commissaire Bodenstein, que cette affaire soulève bien des lièvres et que certains sont prêts à tout pour se soustraire à une enquête.
Le filet que Nele Neuhaus tresse autour de ses multiples personnages, tous bien brossés, se resserre inexorablement autour des coupables. Elle évite par ailleurs de tomber dans le sordide, et livre un polar de très bonne facture avec un vrai suspense.

La vie de Quentin se complique étonnamment depuis qu’il a onze ans : déjà que ses cousines l’ont convaincu qu’il était bicolore, voilà qu’il s’aperçoit pendant la classe de neige que Lydie, la fille qu’il rêve d’épouser, n’est pas aussi parfaite que ses vêtements à la mode pouvaient le laisser croire. Et pour couronner le tout, sa tante est peut-être en fait son oncle, ce qui expliquerait sa brouille avec son grand-père. Claire Castillon brosse avec beaucoup de justesse cet âge particulier où l’on voudrait être un grand, mais où l’on préfère encore sa maman à son amoureuse.

Ruby est une infirmière qui aime s’amuser et veut voir le bon côté des choses, M. Jeffreys a pour mission de rationaliser la gestion de l’hôpital où elle travaille. Ruby est un peu cruche, M. Jeffreys un peu agaçant avec sa bonne conscience et sa condescendance. Ils ne se connaissent pas vraiment, jusqu’au jour où M. Jeffreys croit que Ruby a découvert quelque chose à son sujet. La tension monte alors jusqu’à un magistral affrontement. C’est une plongée au cœur de la classe prolétaire britannique, dans une ville industrielle, le monde des white trash au crâne rasé, vu à la fois de l’intérieur et de l’extérieur. Alternant les deux points de vue, John King fait monter la pression au fur et à mesure qu’il dévoile la vérité des êtres, et le danger d’une société qui juge la valeur des hommes à leur utilité. Magistralement construit et effrayant de justesse.

Le cru Nothomb 2014 est tout à fait plaisant à déguster. Continuant dans la veine autofictionnelle humoristique, elle se met cette fois en scène à la recherche de l’idéal compagnon de beuverie (comprenez beuverie au champagne exclusivement). Celui-ci s’étant révélé être une jeune femme rebelle et extravagante, s’ensuit alors une série de scènes sympathiquement alcoolisées, loufoques et souvent bien croquées. C’est court, ça se lit vite et s’oublie de même, et comme souvent chez Nothomb, se termine sur une pirouette.