Une famille de pêcheurs de l’archipel des Scilly recueille un jour de mai 1915 une petite fille naufragée. Traumatisée, blessée, elle ne parle pas et ne peut révéler d’où elle vient. En ces années de guerre, on va bientôt la soupçonner d’être allemande. Malgré la protection d’Alfie et de sa famille, la pauvre Lucy parviendra-t-elle à s’expliquer et à se faire accepter, qui qu’elle soit ? Michael Morpurgo sait admirablement faire revivre des événements historiques à hauteur d’enfant. C’est un roman à énigme qui pousse à réfléchir sur le pardon, la guerre, la famille. Une vraie réussite.

Ifemelu habite les Etats-Unis depuis plusieurs années quand, à l’occasion d’une longue séance de coiffure, elle revient sur sa vie et les circonstances qui l’ont menée de Lagos à Philadelphie et ont fait d’elle une « Americanah ». Dans ce roman foisonnant, Adichie brosse le portrait de cette jeune Nigériane indépendante qui pose sur ses contemporains un regard acéré. La jeunesse au Nigéria, les désillusions de l’immigrée dont les diplômes africains ne valent plus rien, les travers des « bobos » universitaires pour qui tout est un problème de racisme, les nouveaux riches lagotiens : rien n’échappe à Ifemelu. C’est l’Amérique vue par l’Afrique, puis c’est l’Afrique vue par une Americanah, c’est savoureux, dépaysant et intelligent.

Un jeune homme qu'on croyait mort depuis treize ans refait surface et révèle qu'il a été séquestré pendant toutes ces années avec sa sœur, encore en vie mais en danger de mort. Seulement, le tueur en série soupçonné à l'époque est toujours en prison : qui est donc est son complice qui maintient ses victimes en vie ? L'inspecteur chargé de l'enquête doit alors se confronter à ce maître de la manipulation mentale, qu'il tient pour responsable de dizaines de disparitions inexpliquées. L'auteur sait à merveille distiller une atmosphère angoissante qui maintient le lecteur sur ses gardes. Grâce à une galerie de personnages dont il brosse le portrait psychologique de manière très fouillée, l'horreur devient crédible. Un polar très efficace pour les amateurs de sensations fortes.

Hélène Carrère d’Encausse, grande spécialiste de l’histoire de la Russie, entreprend ici de retracer l’histoire de toute la dynastie des Romanov. Depuis Michel Ier élu par le sobor pour mettre fin aux désordres qu’engendra la difficile succession d’Ivan le Terrible, jusqu’au tragique destin des derniers Romanov assassinés dans leur retraite de Sibérie en 1918, elle brosse les portraits des douze souverains, sans compter les usurpateurs. Cette histoire sanglante et passionnante est celle de l’impossible Russie, cet immense pays déchiré entre l’occidentalisation voulue par certains de ses monarques, et la culture paysanne populaire, faite d’orthodoxie et de tradition.
Pour Carrère d’Encausse, les trois figures les plus importantes de la dynastie Romanov sont Pierre le Grand (1682-1725), fondateur de l’Etat et créateur de la Table des Rangs, Catherine II (1762-1796) qui permet la naissance de l’intelligentsia, opère le renversement des alliances dans l’Europe des Lumières et rédige la Grande Instruction, et enfin Alexandre II (1855-1881) qui abolit le servage, et crée en 1864 les zemstva, organes de représentation paysanne. Malgré ces réformes révolutionnaires, la Russie peine à s’inventer une culture nationale et à entrer dans le bal des nations européennes modernes ; et l’emporte alors la conviction que le pouvoir autocrate du tsar est d’origine divine, ce qui conduit à la fin des Romanov.
Cette lecture passionnante n’est pas du tout à réserver aux spécialistes de la Russie, mais s’adresse à tous ceux qu’interpelle le sort de ce pays fascinant.

Un riche et mystérieux Anglais est enlevé dans la guest-house d’un vignoble où il se cachait, malgré ses nombreux gardes du corps. Un jeune et talentueux pickpocket vole le mauvais portefeuille à une jeune femme terrorisée. L’inspecteur Benny Griessel, qui se débat dans ses problèmes d’alcool et ses problèmes sentimentaux, et flanqué d’une équipe au verbe truculent, doit démêler cette affaire avant que les services secrets des différentes nations impliquées ne l’étouffent. Courses-poursuites ébouriffantes dans les rues du Cap, avec la menace angoissante d’un tueur à gages implacable, « Kobra ». Ce tourbillon de personnages et de rebondissements est pourtant toujours crédible et diablement bien documenté. Un excellent thriller.