Le jour de ses 36 ans, Mortimer attend sa mort. Et en profite pour nous raconter l'histoire rocambolesque de sa famille. Puis, la-dite mort se faisant attendre, le voilà contraint d'envisager la vie. Si vous aimez rire et que vous n'avez pas peur des invraisemblances, du moment qu'elles soient portées par une plume enlevée, plongez-vous dans ce roman très drôle. Vous y croiserez Nassardine, le Kabyle incapable de faire du café, sa femme Paquita, aux allures de péripatéticienne sur le retour, et qui vend des crêpes, ou encore Jasmine, la toiletteuse pour chiens qui confectionne des chapeaux extravagants. Hilarant et optimiste.

Zurich, 1936. Thomas Mann, l'immense écrivain allemand, prix Nobel en 1929, est exilé depuis 1933. Sur les instances de ses enfants, de sa femme et de ses amis, il se décide à faire publier dans la presse une lettre consacrant sa rupture avec l’Allemagne nazie. Nous assistons pendant ce week-end d’hiver 1936 à ses interrogations, ses doutes et ses atermoiements.
Ce roman construit en mouvements musicaux nous montre le maître plus préoccupé de son confort matériel et de sa renommée que du sort de l’Allemagne. Néanmoins, l’évocation de sa vie familiale (de Klaus notamment), et les dernières pages qui apportent quelques éléments de réflexion à son dilemme moral, font de ce roman une lecture pas tout à fait inutile.

Peter May transporte ses chères Hébrides au Canada, dans les îles de la Madeleine. L’inspecteur Sime Mackenzie, insomniaque depuis le départ de sa femme, est envoyé sur la petite île d’Entrée. Le meurtre de l’homme d’affaire James Cowell semble apparemment avoir été commis par sa femme, Kirsty. Mais Sime se sent lié à elle et veut tout faire pour la disculper. Sa propre histoire familiale resurgit sous forme de rêves qui font étonnamment écho au présent.
On retrouve avec bonheur la recette qui avait fait la réussite de la trilogie de Lewis : une île isolée soumise à la fureur des éléments, un enquêteur dont l’histoire familiale le lie à son enquête, un passé occulté qui se mêle au présent, un cadre historique rigoureusement exact, et surtout un suspense très bien maîtrisé, distillé avec art et sans précipitation.
A quand un nouvel opus ?

Ce bref récit de la vie de Joseph, ouvrier agricole dans le Cantal, est une merveille de justesse. La vie dans les fermes, avec les patrons, les bêtes, la lente disparition d’un mode d’existence qui le met à côté du monde, alors qu’il en est précisément le centre.
Marie-Hélène Lafon sait saisir à la perfection une atmosphère, celle des fermes familiales, à l’ancienne, une manière d’être en vie, une pudeur qui est une élégance.
Un roman magnifique d’une vérité incroyable.

Voici un intéressant petit roman, qui frappe par son ingéniosité. Madame Diogène est une vieille femme, qui fut comme vous et moi, mais qui a décidé de se terrer. Au sens propre du terme. Elle s’est constitué un terrier, creusé au milieu d’un monceau d’immondices entassé dans son appartement. Sa perception du monde extérieur en est à la fois étouffée (il faut se hisser jusqu’à la lucarne) et affinée par la solitude. Une faune et une flore se sont développées, et ce « retour à l’état sauvage » accentue par comparaison la brutalité de la société moderne (ici, les autres habitants de l’immeuble). Une plongée, le temps d’une journée, dans un esprit qui a sombré.