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Mohican, Roman

Eric Fottorino

Gallimard

  • Conseillé par
    2 septembre 2022

    Quel beau roman que ce Mohican ! Eric Fottorino montre le monde paysan tel qu'il fut et tel qu'il devrait redevenir. A travers les différentes générations, il fait vivre l'évolution constante jusqu'à la folie de la surproduction et le nécessaire retour à des pratiques plus saines. Ce fut d'abord Léonce qui travailla la terre avec des chevaux, puis Brun qui céda aux sirènes de la mécanisation, puis, sous l'insistance nationale, déboisa et investit dans des produits censés aider à la production. "Sa croyance aveugle dans le progrès l'avait exposé plus d'une fois au danger. Dans sa tournure d'esprit, il s'était dit qu'en se camouflant sous mille protections il éveillerait la suspicion des gens. S'il s'habillait en martien, c'était bien qu'il polluait la terre, non ?" (p.36) Puis c'est maintenant Mo qui veut garder la terre saine et en vivre.

    Eric Fottorino a été journaliste spécialisé dans le monde agricole, et ça se sent. Il aime les hommes qui travaillent la terre et qui ont, depuis des années, perdu leurs repères, sollicités, dragués par l'industrie chimique. "Comprends ceci, Mo. Sans la chimie, sans nos machines, jamais on n'aurait fait de notre pays une puissance agricole. C'est bien beau à présent de rêver écologie, petites fleurs et légumes bio. Mais si on était partis dans cette direction après la guerre, crois-moi, il y a longtemps qu'on aurait tous crevé de faim." (p.138)

    Brun et Mo sont des taiseux, mais la maladie du premier les rapproche et chacun parle de sa vision du travail, de leurs terres, des animaux. Ces pages-là sont magnifiques, l'auteur décrit les paysages, la faune et la flore et l'on y est. C'est très beau, peut-être idéalisé, mais on y croit et l'on comprend que Mo veuille garder intact le domaine de Soulaillans. C'est un texte qui touche, qui émeut sans user de grosses ficelles. L'écriture est superbe, elle se fait très terre-à-terre par moments, plus lyrique dans certaines descriptions de lieux. Je me suis régalé de bout en bout, j'ai pris mon temps pour rester un peu aux Soulaillans.