Cornouailles, septembre 1981. Chris Napier assiste au mariage de sa nièce dans le fief familial, lorsque celui-ci est troublé par l’apparition de Nicky, son meilleur ami d’enfance, qui se suicide peu après lui avoir jeté quelques phrases sibyllines. Les deux amis ne s’étaient pas revus depuis 1947 et l’assassinat du grand-oncle de Chris par le père de Nicky. Et puisque le passé semble refaire surface inéluctablement, Chris s’emploie en mémoire de son ami à faire la lumière sur les secrets de sa famille. Robert Goddard n’a pas son pareil pour transformer les respectables et paisibles familles bourgeoises en nœuds de vipères, championnes de manipulation et de dissimulation. L’enquête de Chris le long des côtes de Cornouailles est diablement prenante, quoi que sans aucune exubérance. Espérons que Sonatine continuera de nous faire découvrir l’œuvre de cet excellent manipulateur.

D'une simple mention dans le testament d'Aristote, Annabel Lyon tire un portrait de la fille du philosophe. Proche de son père dont elle partage l'amour des sciences naturelles et l'indépendance d'esprit, elle est confrontée, à la mort de son père, à la difficile condition des femmes sans protection. Des dernières conquêtes d'Alexandre aux questions philosophiques, en passant par les bas-fonds des villes de garnison et le quotidien des femmes, voici un roman de l'adolescence version Vème siècle avant Jésus-Christ. Une lecture plaisante, dont la deuxième partie est la plus réussie.

Le jeune peintre Hugo Boch, fils d'un prospère industriel belge, s'interroge sur sa vocation artistique et quitte Paris pour rejoindre Pont-Aven dans les dernières années du XIXème siècle. Il s'emploie alors à développer ce nouvel art qu'est la photographie, et partage le quotidien de tout ce que l'art compte d'avant-garde. C'est par sa correspondance que l'on découvre les débuts de l'Ecole de Pont-Aven, mais également la vie parisienne, sa cousine Hazel, elle-même peintre, étant sa principale correspondante. Les diverses lettres fourmillent de détails véridiques et passionnants et ne manquent pas d'humour, Elles résonnent même souvent d'accents féministes !
Anne Percin a la plume légère et nous offre un roman rafraîchissant et pas bête du tout.

Rachel et Patty, 13 et 11 ans, ne savent que faire de leur été. Leur mère, séparée de leur père et droguée de lecture, les laisse en effet entièrement libres de leurs journées. Cependant, un meurtre est commis, puis plusieurs, et leur père, inspecteur de police et idole de ses enfants, est chargé de l’enquête. Enquête qui le ronge à tel point que ses filles veulent l’aider et se lancent dans un dangereux jeu de provocation avec l’assassin. Ce roman subtil, mi-roman d’apprentissage, mi-roman policier, est un éloge à l’imagination, à la liberté et à l’amour fraternel.

Sebastian Barry continue son exploration d’une frange méconnue de l’histoire irlandaise : celle des familles qui se sont peu ou prou compromises avec les Anglais. Alors que Du côté de Canaan était une merveille de justesse et d’émotion, il est plus difficile de se plonger dans les méandres du journal intime de Jack McNulty. Vétéran de la deuxième guerre mondiale, revenu à Accra, au Ghana, après son éviction de l’ONU, il nous raconte sa vie chaotique et surtout sa femme, Mai. Sa propre incapacité à vivre et son caractère insaisissable les précipitent vers leur destruction. Un roman sur les tourments de l’âme irlandaise.