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Histoire intellectuelle de l'Occident médiéval
EAN13
9782200016494
ISBN
978-2-200-01649-4
Éditeur
Armand Colin
Date de publication
Collection
Collection U
Nombre de pages
432
Dimensions
24 x 16 x 2,2 cm
Poids
597 g
Langue
français
Code dewey
001.109
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Histoire intellectuelle de l'Occident médiéval

De

Armand Colin

Collection U

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© S.E.S.J.M./Armand Colin, Paris, 1998

Armand ColinÉditeur• 34 bis, rue de l'Université• 75007 Paris

9782200270469 — 1re publication

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À MA SITELLE

PREMIÈRE PARTIEDe la fin de l'Antiquité à l'an mil

Chapitre 1La culture antique à la fin de l'Empire romain

À la fin du IVesiècle, prévaut à Rome et dans les provinces latines de l'Empire, une tradition culturelle établie de longue date. Le fait paraît pour le moins normal puisque ce monde n'en est pas à ses débuts. Il est mûr, sinon déjà décadent. Les mêmes principes fixés depuis longtemps, guident toujours la réflexion et le comportement moral. Ces orientations intellectuelles dominent toujours les esprits et les œuvres où elles s'expriment, jouent un rôle décisif dans la formation des élites. Il y a une continuité indiscutable. Elle se mesure à la permanence des mêmes références et des mêmes maîtres. Cicéron est toujours inégalé. Elle se perçoit aussi dans le maintien de la langue utilisée par les lettrés, dont les structures ne subissent aucun bouleversement.1. LES FONDEMENTS DE LA CULTURE LATINE

Rome, qui a fondé puis géré un empire pendant des siècles, a fait preuve dans cette entreprise des plus hautes qualités. Ses hommes savent conduire des armées, administrer des territoires, rendre la justice, construire des villes et assurer, par la transmission d'une formation intellectuelle et morale, la permanence d'une civilisation. La culture traduit cette imbrication exceptionnelle de la vie intellectuelle et des activités publiques.1.1. L'esprit scientifique chez les Romains

Esprits positifs, les Romains paraissent dépourvus d'esprit scientifique au sens d'aujourd'hui. Ils n'ont pas pour ces recherches le même intérêt que les Grecs. Eux qui font preuve par ailleurs d'ingéniosité, de rigueur et de goût pour l'exactitude, sont rarement actifs en ce domaine. Ils ajoutent peu au patrimoine général des sciences, tant pour les mathématiques et la physique que pour l'histoire naturelle et la médecine. Les œuvres originales et fondamentales sont grecques. Les Romains qui possèdent une véritable culture scientifique, et il y en a, ont une bonne connaissance du grec. La connaissance de cette langue qui a été traditionnelle dans l'élite dès le siècle des Scipions, est en régression, dans les provinces d'abord, dès la fin du IIIe siècle. L'Afrique est un bon exemple. Au IVe siècle, un homme de grande culture, comme saint Augustin, ne sait pas suffisamment cette langue, au début de sa carrière de lettré, pour utiliser habituellement des œuvres grecques. Le monde des sciences proprement dit se ferme rapidement aux lettrés latins, sauf pour ceux qui peuvent y avoir un accès direct.

Les Romains pourtant n'ont pas dédaigné les sciences ; ils ne manquent jamais d'en faire l'éloge chaque fois que l'occasion leur en est offerte. Ce qui convient le mieux à leurs habitudes mentales et à leur génie, c'est la compilation. Ils sont héritiers, par la culture hellénistique, d'une science déjà acquise et portée jusqu'à ses sommets. Elle est déjà, en grande partie, cataloguée et codifiée. Ils ont conquis les fruits du savoir et pensent faire suffisamment en mettant à portée du public leurs notes sur des ouvrages grecs. Ils participent à leur manière à ce gigantesque inventaire des connaissances qui suit le temps des découvertes scientifiques.

Dans ce genre d'ouvrage, les Romains ne sont pas à l'abri de méprises par manque de discernement et d'esprit critique. L'Histoire naturelle de Pline l'Ancien1 est le meilleur exemple de la compilation romaine. Il entasse une matière considérable qui comprend l'astronomie, la physique, la médecine, la géographie en plus de l'histoire naturelle proprement dite. Pline déclare avoir lu et consulté plus de deux mille livres pour le composer. Il n'y a pas de raison d'en douter. En fait, il use du meilleur comme du pire, mêle l'anecdote à la description, la fable à l'opinion des philosophes, sans d'ailleurs faire de remarques personnelles. Le goût pour la compilation se confirme du IIe au IVe siècle. Bien plus, les sujets variés, littéraires ou philosophiques y ont alors plus de place que les sciences. Ainsi en va-t-il dans les Nuits attiques d'Aulu-Gelle. À la fin de l'Antiquité, les compilations scientifiques se réduisent jusqu'à devenir des petites encyclopédies de faits curieux ou de simples manuels.

Les traductions des œuvres scientifiques grecques pouvaient suppléer ces carences. Beaucoup d'ouvrages de médecine, de géographie, d'astronomie et même de mathématique pure, puisque l'œuvre d'Euclide a été traduite, étaient à la disposition des lettrés. À vrai dire, la préférence des Romains va aux ouvrages pratiques. Les traducteurs ont mis en circulation tant de manuels, de résumés et de catalogues d'opinions, qu'il est difficile de distinguer ce qui est le fait d'une bonne culture, de ce qui n'est que parure superficielle. Le goût pour le recueil, pour l'aide-mémoire, pour les extraits est bien établi dès l'Antiquité.1.2. Rhétorique et idéal humain

L'idéal culturel traditionnel dans le monde romain est la rhétorique, c'est-à-dire l'art du discours sous toutes ses formes et dans toutes ses applications. L'admiration entoure le grand orateur, et un respect certain le professeur de rhétorique. Cet attachement date du temps où un discours pouvait décider de la politique à Rome. Les Scipions n'étaient pas grands seulement sur un champ de bataille, ils savaient se faire entendre sur le Forum et dominer par la parole le tumulte de la Ville. C'est par ses discours que Cicéron avait contraint Catilina à la fuite. Les Césars, assurés pourtant de leur pouvoir, ne dédaignaient pas le prestige que l'on tire de l'éloquence. Certes, celle qui a trait à la politique est morte sous l'Empire, mais l'admiration pour l'orateur demeure, et comme autrefois, l'excellence dans le bien dire ouvre la carrière des honneurs. Saint Augustin ne se cache pas d'en avoir senti la tentation à Milan. Le discours indirect qui a tant de place chez les historiens latins trahit à sa manière cette permanence d'un idéal humain. Le discours engendre la conviction et l'esprit domine par des raisons les forces désordonnées. L'éloquence a encore sa place devant les tribunaux. Elle est un bagage nécessaire pour qui veut entrer dans l'administration de l'Empire.

Les maîtres les plus anciens de la rhétorique sont, à Rome, l'anonyme qui composa vers 85 av. J.-C. la Rhétorique à Herennius, et surtout Cicéron auteur de plusieurs ouvrages théoriques sur l'orateur. C'est l'Institution oratoire de Quintilien, publiée vers 95, qui expose le plus complètement l'idée que l'on se fait à Rome de l'orateur. La parole est « le don le plus précieux des dieux », et l'excellence dans le discours est la perfection de la vie intellectuelle elle-même. Quintilien ne craint pas d'écrire que mesurer l'univers et étudier le cours des astres sont « des arts plus difficiles que celui de la parole ». Mais cela n'importe pas. Ce sont des arts inférieurs et plus difficiles. L'orateur idéal est l'homme idéal. C'est une conviction fondamentale sur l...
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