- EAN13
- 9782402305907
- Éditeur
- FeniXX réédition numérique (Eric Losfeld)
- Date de publication
- 1976
- Collection
- Le second rayon
- Langue
- français
- Langue d'origine
- français
- Fiches UNIMARC
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Livre numérique
Je venais d’entreprendre ce livre. Le projet, jusque-là confus, avait surgi
brusquement une nuit alors que les corps de Claire et de Julia
inextricablement emmêlés sur le mien m’empêchaient de trouver un sommeil que
je ne cherchais guère, trop heureux d’étouffer sous ce poids délicieux. J’ai
eu envie, tout d’un coup, d’élever comme un monument à notre amour, comme un
hymne de reconnaissance à la nature qui permettait que dans cet univers
médiocre et pourri où nous vivons, quelque chose d’aussi pur et d’aussi vrai
que notre union pût exister. J’en imaginais déjà le ton, à la fois cru et
littéraire avec de fréquents clins d'œil au lecteur ; je n’en voyais pas
d’autre pour évoquer l’atmosphère de gaieté et d’érotisme dans laquelle
baignait la maison bleue. Le lendemain, j’ai commencé à dicter à Julia le
premier chapitre de ce livre en m’inspirant du tableau vivant que nous avions
composé la veille au matin avant le départ de Claire pour le lycée. Julia
était aux anges ; elle est pour la provocation et pour toutes les formes
d’explosions libératrices. Claire s’est d’abord montrée plus réservée mais,
par la suite, en bonne universitaire, elle a su voir dans ce roman ce qu’il
est sans doute ; une psychanalyse de groupe, le psychodrame de trois êtres
essayant de liquider, en plongeant au plus profond d’eux-mêmes, les tensions
que notre civilisation, puritaine et fricarde, impose aux individus, cette
espèce de carcan de bêtise, de préjugés, de conventions, de pudeurs, de
sordidité et d’agressivité qui fait qu’on meurt avant de savoir comment on
s’appelle.
brusquement une nuit alors que les corps de Claire et de Julia
inextricablement emmêlés sur le mien m’empêchaient de trouver un sommeil que
je ne cherchais guère, trop heureux d’étouffer sous ce poids délicieux. J’ai
eu envie, tout d’un coup, d’élever comme un monument à notre amour, comme un
hymne de reconnaissance à la nature qui permettait que dans cet univers
médiocre et pourri où nous vivons, quelque chose d’aussi pur et d’aussi vrai
que notre union pût exister. J’en imaginais déjà le ton, à la fois cru et
littéraire avec de fréquents clins d'œil au lecteur ; je n’en voyais pas
d’autre pour évoquer l’atmosphère de gaieté et d’érotisme dans laquelle
baignait la maison bleue. Le lendemain, j’ai commencé à dicter à Julia le
premier chapitre de ce livre en m’inspirant du tableau vivant que nous avions
composé la veille au matin avant le départ de Claire pour le lycée. Julia
était aux anges ; elle est pour la provocation et pour toutes les formes
d’explosions libératrices. Claire s’est d’abord montrée plus réservée mais,
par la suite, en bonne universitaire, elle a su voir dans ce roman ce qu’il
est sans doute ; une psychanalyse de groupe, le psychodrame de trois êtres
essayant de liquider, en plongeant au plus profond d’eux-mêmes, les tensions
que notre civilisation, puritaine et fricarde, impose aux individus, cette
espèce de carcan de bêtise, de préjugés, de conventions, de pudeurs, de
sordidité et d’agressivité qui fait qu’on meurt avant de savoir comment on
s’appelle.
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