- EAN13
- 9782402147774
- Éditeur
- FeniXX rédition numérique (Balland)
- Date de publication
- 1991
- Langue
- français
- Langue d'origine
- français
- Fiches UNIMARC
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Livre numérique
« Devant le manoir, l’herbe tombait en petits fragments humides, les grands
hêtres fondaient en une pâte molle qu’il enlevait au couteau. Des îlots de
peinture résistaient par endroits, informes, aplatis, dépossédés de leur
raison d’être, par la disparition des structures environnantes. Les mâchoires
serrées, il détruisait ainsi, de ses mains, le sens même de son métier. Il ne
pouvait pas s’empêcher de comparer ce sacrilège à la destruction qui se
poursuivait, jour après jour, autour de lui. Les radiographies pratiquées
après l’effacement de la première couche mettaient en évidence des repentirs.
Le visage, la bouche, le nez, le front étaient peints avec une négligence
voulue. Les lèvres semblaient fermées par un bâillon invisible, atrophiées par
un silence prolongé, seuls les yeux parlaient, ils ne lâchaient pas Matei de
leur regard. En fait, ce n’était pas le portrait du professeur, mais plutôt
l’autoportrait du peintre. Lui, il avait compris. C’était lui, le prophète et
il en était mort. » Alors que dans son pays d’adoption Matei restaure la
fresque d’une vieille église de campagne, le remords et la culpabilité faite
de silence et de soumission l’envahissent… Ce roman témoignage démontre une
fois encore les mécanismes du pouvoir totalitaire, capable de modeler les
esprits et leur ôter jusqu’au sens de la pérennité.
hêtres fondaient en une pâte molle qu’il enlevait au couteau. Des îlots de
peinture résistaient par endroits, informes, aplatis, dépossédés de leur
raison d’être, par la disparition des structures environnantes. Les mâchoires
serrées, il détruisait ainsi, de ses mains, le sens même de son métier. Il ne
pouvait pas s’empêcher de comparer ce sacrilège à la destruction qui se
poursuivait, jour après jour, autour de lui. Les radiographies pratiquées
après l’effacement de la première couche mettaient en évidence des repentirs.
Le visage, la bouche, le nez, le front étaient peints avec une négligence
voulue. Les lèvres semblaient fermées par un bâillon invisible, atrophiées par
un silence prolongé, seuls les yeux parlaient, ils ne lâchaient pas Matei de
leur regard. En fait, ce n’était pas le portrait du professeur, mais plutôt
l’autoportrait du peintre. Lui, il avait compris. C’était lui, le prophète et
il en était mort. » Alors que dans son pays d’adoption Matei restaure la
fresque d’une vieille église de campagne, le remords et la culpabilité faite
de silence et de soumission l’envahissent… Ce roman témoignage démontre une
fois encore les mécanismes du pouvoir totalitaire, capable de modeler les
esprits et leur ôter jusqu’au sens de la pérennité.
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