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    21 février 2014

    C'est un ami, qui a grandi à Pouldreuzic, qui m'a conseillé ce livre dont je connaissais l'existence surtout par le film que Claude Chabrol en a tiré. C'est donc à Pouldreuzic, petit village du pays bigouden, que Pierre-Jackez Hélias naît en 1914. Issu d'une famille d'ouvriers agricoles pauvres, il va grandir auprès de son grand-père et s'imprégner des traditions bretonnes. Plus tard, il partira pour Quimper et Rennes afin d'y faire ses études. Devenu professeur de lettres, il oeuvrera pour la pérennité de la culture bretonne.
    Dans ce livre, largement autobiographique, il nous livre des chroniques de la vie dans son village depuis le début du XXème siècle. C'est une immersion totale dans la Bretagne de jadis. La vie était simple, dure mais honnête. le travail des champs se faisaient au rythme des saisons. Les relations sociales étaient codifiées par des règles très sérieuses.

    La religion catholique était omniprésente, même chez "les rouges".
    A travers de petites histoires, des anecdotes de la vie quotidienne, Hélias nous parle des coutumes, traditions et légendes qui ont forgé le peuple breton. Et puis il y a aussi la langue bretonne, celle qu'on apprend dès le berceau et qui est la seule, la vraie, celle qu'on utilise à la maison, dans la rue mais qui est interdite à l'école et dans la cour de récréation sous peine de punition.
    Et puis il y a les meubles, l'armoire, souvent unique possession de la famille et qui contient la vaisselle précieuse, les photos, les papiers importants, le lit fermé où l'on s'enferme la nuit mais qui garde toujours une ouverture pour voir ce qui se passe dans la pièce commune.
    Et puis, il y a les crêpes et galettes, réservées aux jours de fête et que l'on ne peut manger que lorsque toute la pâte a été utilisée, le pain au café qui attend bien au chaud sur un coin du poêle.
    Et puis il y a la fameuse coiffe bigoudène que les filles portent dès leur plus jeune âge. C'est tout un art de la faire tenir bien droite sur la tête et de la garder bien blanche.
    Et puis il y le temps qui passe, le siècle qui avance avec son lot de modernité. L'instruction se généralise. La république impose le français. Les jeunes quittent le village pour le lycée de Quimper. Les machines commencent à envahir les champs, remplaçant les hommes. Les touristes de la capitale viennent pour les plages qui jusque là étaient réservées à la pêche à pieds.
    La fin d'une époque ? Oui parce qu'on ne lutte pas indéfiniment contre le temps, contre le modernisme. Mais non, parce que les bretons, fiers et orgueilleux, sauront encore une fois faire face à l'adversité en intégrant la modernité sans se départir de leurs traditions.
    Un livre très riche, empreint de nostalgie mais parsemé de touches d'humour, écrit par un amoureux de sa région qui a vu s'éteindre une époque, celle de la vie simple, de la solidarité mais qui a réussi à éviter l'écueil du "c'était mieux avant".
    Je l'ai beaucoup aimé et même sans être bretonne, j'y ai reconnu des manières de voir, de penser et d'agir, des faits, des us et coutumes que ma grand-mère alsacienne évoquait quand elle parlait de son enfance.