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Orchidée fixe

Serge Bramly

JC Lattès

  • Conseillé par
    12 septembre 2012

    Serge Bramly a reçu le prix Interallié 2008 pour «Le Premier Principe, Le Second Principe».

    Il a une écriture agréable, plaisante à lire (ça se dit ça d’une écriture ? bon, ben moi je le dis). Il écrit bien quoi. Donc si il écrit bien ben y’a des chances que le lecteur lise bien aussi, prenne de plaisir à lire.

    Ce dernier roman est une parenthèse.
    Il fait partie de la première liste des ouvrages sélectionnés pour le prix Goncourt 2012.
    Le titre «Orchidée fixe» est un calembour emprunté aux notes de l'artiste.
    « J’ai commencé ce livre il y a un peu plus de vingt ans. Je l’ai abandonné et l’ai repris à plusieurs reprises. L’idée d’écrire quelque chose sur Marcel Duchamp m’obsédait mais je n’ai pas su pendant longtemps quelle forme cela devait prendre.»

    Marcel Duchamp (oui c’est bien de lui qu’il s’agit, le célèbre Marcel Duchamp, oui celui qui a exposé le fameux urinoir, oui mais pas que...) va passer un peu moins de trois semaines, en 1942, à Casablanca.
    Une parenthèse entre Paris et l’Amérique.
    Il a cinquante-cinq ans. Encore inconnu en Europe, déjà célèbre en Amérique.

    C’est Nina qui écrit.
    Un récit dans le récit.
    Son grand-père et son arrière-grand-père ont connu Marcel Duchamp.
    C’est le grand-père qui raconte.
    C’est Nina qui écoute.

    Le professeur américian Tobie Vidal veut écrire une biographie «monumentale» de Marcel Duchamp.
    C’est le grand-père qui raconte.
    C’est Nina et Vidal qui écoutent.
    Elle va écrire un roman. Il va écrire une biographie.
    Peut-être aussi Nina et Tobie vont-ils s’aimer : à vous de lire !
    «Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous.» écrivait Eluard.
    Le hasard cher aux surréalistes.

    Marcel Duchamp est une légende.
    Mystérieux, peu causant, joueur d'échecs passionné.
    «Il aurait rendu son dernier souffle en lisant aux toilettes quelque loufoquerie d’Alphonse Allais.»
    Il dort dans une baignoire.
    «Il enfilait deux pantalons, deux chemises l’une sur l’autre, sa veste par-dessus, glissait des chaussettes de rechange dans une poche, la brosse à dents dans l’autre, auprès de l’échiquier pliant.»
    L’artiste n’aimait pas s’encombrer de valise.

    On se promène au bras et aux mots de l’espiègle Nina à Casablanca, à Tel-Aviv, dans le Colorado et c’est pas du tout désagréable, ma foi, ma foi de lecteur.

    Aujourd’hui tout le monde se réclame de Marcel Duchamp.
    Il n’en demandait pas tant...

    Regardez son tableau intitulé «Nu descendant un escalier» : magnifique !

    «L’art a le don de mettre au jour les ruines que chacun de nous porte en lui. Il creuse des strates profondes, remue des gravats, balaie la poussière qui voile le regard et relève des vestiges dont on se demande alors s’ils ne sont pas les bribes d’une existence hors du temps, déjà vécue ou que l’on s’apprête à vivre.»