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Accabadora

Michela Murgia

Seuil

  • Conseillé par
    16 octobre 2011

    Magique !

    Il y a des livres comme celui-là, que l'on sent, que l'on touche, que l'on entend, que l'on voit. Un peu comme un livre animé pour enfant. Un livre sensoriel, un livre à toucher, un livre à odeurs. Derrière chaque mot se dégage une odeur, s'ouvre un paysage, apparaît un personnage, surviennent des sons. Lecteur, frottez vos doigts aux pages de ce livre et sentez...Un livre magique, dis-je. "Les parents des fiancés bavardaient, assis sur le bord de leur chaise, en buvant parcimonieusement du malvoisi en riant fort de choses dont, en général, on se contente de sourire. Un bruissement de jupes parcourait la frontière invisible qui séparait les deux familles." L'écriture de l'italienne Michela Murgia (née à Cabras en Sardaigne) est tout en relief animé de montagnes et de collines, de criques et de plages, de soleil et de noir, de sang et de sueur. Une grande découverte ! J'ai dégusté ce livre avec bonheur, à tel point que souvent, je le posais fermé, interrompant ma lecture, pour le laisser fondre en moi, pour le reprendre plus tard, le sachant là à portée de mains. Ce roman a obtenu le prix Campellio 2010 et vient d'être superbement traduit par Nathalie Bauer. Ce prix est attribué par un jury populaire de 300 lecteurs.

    Primo Levi, Alberto Bevilacqua, Antonio Tabucchi et Luigi Malerba sont des lauréats de ce prestigieux prix littéraire. Dans les années cinquante, dans une Sardaigne superstitieuse qui refuse obstinément de parler italien, dans le village de Soreni, il y a Maria la "fillus de anima", une fille de l'âme, adoptée par la vieille Tzia Bonaria, "l'accabadora" qui n'a jamais eu d'enfant et puis les gens du village qui vendangent, cueillent les olives, naissent, se marient, meurent et pleurent leurs deuils. "Quand s'achève le deuil, Tzia? La vieille femme n'avait même pas pris la peine de détourner les yeux du tablier auquel elle mettait la dernière main. Quelle question... le deuil s'achève quand s'achève le chagrin. - Alors on prend le deuil pour montrer son chagrin... avait commenté Maria, croyant avoir compris, tandis que la conversation s'estompait déjà dans le lent silence du fil et de l'aiguille. - Non, Maria. Le chagrin est nu. Le noir sert à le couvrir, non à l'exhiber." Cher lecteur, que j'envie déjà, de vous sachant lire ce beau roman, je ne vous direz pas ce que veut dire "accabadora". Ne comptez pas sur moi ! Tout ce que je veux bien vous concéder c'est que cette intrigante "accabadora" disparaît parfois les nuits pour aller...Mais chut... Michela Murgia nous raconte simplement, les traditions, les bonheurs et les drames d'un petit village de Sardaigne avec poésie et pudeur, amour et générosité. Dites-le autour de vous, faites passer l'info, ce roman est un bonheur de lecture, beau comme un coucher de soleil sarde !


  • Un bon moment de lecture !

    Grâce à ce livre, j’ai fait une très belle découverte. En effet, l’auteure m’a permis d’explorer une « légende » sarde que je ne connaissais absolument pas. Il s’agit là de l’Accabadora – je pourrais préciser sa fonction, mais cela gâcherait la découverte lors de votre potentielle lecture. Je dis légende car après quelques recherches sur internet, il semblerait que certains écrits attestent de son existence et d’autres la nient. Avec cette lecture, j’ai ainsi pu découvrir un bout de Sardaigne, un mode de vie et de pensée. Et si vous me suivez depuis un certain temps, vous devez savoir que j’adore ça !

    L’intrigue reste simple mais elle est intéressante. On suit avec plaisir la vie de Maria, son évolution, son développement, sa compréhension du monde qui l’entoure grandit petit à petit. D’autant plus que ce personnage est très attachant, petite fille innocente qu’elle est, ballotée par la vie. Bonaria aussi est intéressante, je dirais d’ailleurs qu’elles sont toutes deux touchantes, à leur propre manière.

    Je déplore cependant que certains moments restent flous. La fillette ne comprend pas la signification de ce que lui dit Bonaria mais le lecteur est lui censé comprendre. Pour moi, cela restait quand même très vague. On se fait bien entendu une idée, mais c’est dommage car l’incertitude reste présente. De même j’ai trouvé la fin un peu trop rapide. Un petit développement ne m’aurait pas gênée … J’aurais bien aimé savoir ce que sont finalement devenus les personnages.

    Pour conclure, voici un roman particulier qui est très intéressant, de mon point de vue. Il serait dommage de passer à côté car il permet de nous ouvrir à une autre culture et à d’autres us et coutumes. Ce roman est une réussite que je vous recommande chaudement.