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Purity

Jonathan Franzen

Éditions de L'Olivier

  • Conseillé par
    22 mai 2016

    Un Jonathan Franzen au top

    Jonathan Franzen publie là sans conteste son meilleur livre depuis « Les Corrections ». Son talent pour camper des personnages incarnés, son don pour dérouler une histoire avec une logique implacable, tout en interrogeant le sens du secret dans nos vies à l’ère d’Internet, font de « Purity » un roman passionnant de bout en bout.

    Après ses études pour lesquelles elle a contracté une dette de plus de 100 000 dollars, Purity, alias Pip, travaille dans une agence de télémarketing et habite un squat communautaire à Oakland, tâchant de se libérer de la possessivité d’une mère qui l’a élevée seule en lui cachant l’identité de son père. Pip se cherche, connaît des amours décevantes, déteste son travail, mais a une idée fixe : retrouver son père pour qu’il assume son devoir et l’aide à rembourser son prêt. Un jour, elle entend parler d’Andreas Wolf, un homme à la réputation sulfureuse, expatrié en Bolivie où il a fondé le Sunlight Project, sorte de lanceur d’alerte. Certains voient cette organisation comme une secte de pirates informatiques servant les intérêts mégalomanes de son gourou, tandis que d’autres considèrent les Andreas Wolf comme les garants de la transparence et de l’indépendance face aux transactions entre Etats, groupes financiers et médias. Toujours est-il que le Sunlight Project recrute, et que Pip se laisse convaincre par l’aventure, attirée par le charisme du meneur.

    L’auteur déploie avec brio sa toile romanesque autour de Pip, qui devient à son insu le rouage principal d’une vengeance qui la dépasse. Certains personnages sont étonnants, comme le méphistophélique Andreas Wolf, venu d’Allemagne de l’Est, sur laquelle le romancier pose un regard aussi critique que sur l’Amérique contemporaine. On se laisse transporter par les parcours de chacun, rattrapés par leurs secrets les plus intimes. Du reste, peut-on encore demeurer anonyme, hors des radars numériques ? Comment préserver sa part cachée quand on est amoureux ? Autant de questions que Pip se pose au fil du roman, qui mène parallèlement une réflexion sur le journalisme d’investigation à l’heure où tout internaute a le pouvoir de s’improviser témoin. Cette densité romanesque, imprégnée des mythes qui révèlent les écueils de l’amour, de la parentalité et de l’individualisme, se fond dans les atmosphères des banlieues américaines, de l’Allemagne des années 80 et de la nature bolivienne.

    Un bonheur de lecture et un roman qui nous habite longtemps : Jonathan Franzen n’a vraiment pas usurpé son titre de « Grand Romancier Américain » décerné par Time Magazine.

    Lire la suite de la critique sur le site o n l a l u


  • Conseillé par
    13 mai 2016

    Foisonnant et dense!

    Elevée par une mère hippie et ultra-possessive, avec un prêt bancaire non négligeable (130 000 dollars) à rembourser pour ses études, Purity Tyler appelée communément Pip travaille dans un call center. Assez solitaire, elle loge dans une espèce de squat. Pip ne connaît pas l’identité de son père et sur ce point sa mère ne veut rien lui dire sous prétexte de la protéger. Pourtant, il pourrait peut-être l’aider financièrement. Au squat, elle rencontre Annagret en charge de recruter des stagiaires pour la société Sunlight Project (une sorte de WikiLeaks) basée en Bolivie dirigée par le charismatique et puissant Andraas Wolf. Connu, détesté ou admiré, il ne laisse personne indifférent car il divulgue sur Internet des informations cachées à la manière de pavés dans la mare grâce à des hackers. Même si elle manque de confiance en elle, Pip décroche un stage rémunéré chez Sunlight Project. Et elle se dit que peut-être qu’Andreas Wolf lui rendra service et retrouvera son père.

    Puis, Jonthan Franzen nous fait remonter le temps et nous immerge dans la RDA où Andreas Wolf a vécu avant de venir s’installer en Amérique. Si désormais il veut que tout soit transparent, l’ère de la vérité, il a un secret bien embarrassant. On retrouve ensuite Pip à Denver où elle travaille pour le journaliste d’investigation Tom Aberant. Il est en couple (d’une certaine façon) avec Leila, journaliste également et tous deux traversent une crise (ils sont doués dans l’art de l’auto-culpabilisation).

    A la manière d’un puzzle qui se met en place, on découvre les relations qui existent entre eux tous. Les mensonges, la manipulation, le rôle des mères dans l’éducation des enfants, la corruption, Internet, l'information et bien d’autres thèmes thèmes alimentent ce roman foisonnant, dense et sans temps mort. Pip est attachante, elle a du caractère et réagit souvent au quart de tour. De l'humour, de la dérision également et on ne voit pas les pages défiler car la construction est diablement efficace. Un roman qui a tout bon ? Presque car quelques pages (en trop) auraient pu être évitées sur des histoires secondaires.
    J'ai été ferrée sur toute la ligne par ce roman efficace et intelligent!

    "Andreas avait le don - peut-être le plus grand qu’il possédait - de découvrir des niches dans les régimes totalitaires. La Stasi avait été le meilleur ami qu’il ait jamais eu - jusqu’à ce qu’il rencontre Internet. "