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Le Chardonneret

Donna Tartt

Pocket

  • Conseillé par
    27 novembre 2015

    Pour un petit oiseau...

    Superbe histoire noire qui teint en haleine. Après un début digne de Zola, on plonge très vite dans un univers de solitude où Théo se rend compte très vite qu'il ne peut compter que sur lui-même et découvre le paradis artificiel procuré par la drogue et l'alcool. Et ce petit tableau, le Chardonneret, qu'en faire? à qui en parler? besoin addictif de le savoir proche de soi, en sécurité.
    Superbe roman-thriller, malgré des descriptions nombreuses et pas toujours utiles à l'histoire, Donna Tartt a fait un travail énorme sur le milieu des antiquaires et celui des personnes addictives aux drogues.


  • Conseillé par
    21 janvier 2014

    Pris au piège

    Autour de moi, on ne parlait que de « ça ». Les critiques unanimes, les plumes à l’unisson, pour un seul roman, ce « chef d’œuvre », ce « triomphe ». Le New York Times, le Guardian, et la presse littéraire française ; tous, ensemble et d’une même voix, criaient à qui voulait l’entendre à quel point « Le chardonneret » était formidable.  Ils avaient raison. Dans les toutes premières pages, Theo Decker, jeune adolescent de 13 ans, intelligent et insouciant, vit seul avec sa mère. Son père, alcoolique et taciturne, a quitté le foyer familial. Mais nulle trace de peine dans ce nouveau couple déjà reformé à peine le paternel parti. Non, ils se suffisent à eux-mêmes, dans la chaleur de leur amour que l’on devine débordant. Mais un événement - et pas des moindres-, précipite le fragile équilibre de Theo. Au cours d’une visite au Metropolitan Museum, il se retrouve au cœur d’une explosion sans précédent. Dans une salle du musée, où la poussière et la pénombre recouvrent déjà les corps, un vieillard lui donne une bague, et l’encourage à emporter avec lui un tableau : « Le Chardonneret », œuvre inestimable et préférée de sa mère, peint par Carel Fabritius en 1654 et qui représente un oiseau enchaîné à son perchoir. Dans cet accident, il perd sa mère et avec elle, son seul repère, son seul espoir, sa seule issue. Dès lors, tout se bouscule et se complique. La famille de son meilleur ami, Andy,l’accueille, mais pas vraiment à bras ouverts. Il se sent de trop dans cette famille bourgeoise, chic et guindée. Et puis, surgissant de nulle part, son père vient le chercher pour l’emmener vivre à Las Vegas, dans une atmosphère climatisée et aseptisée. Il se retrouve parachuté, comme si son destin ne lui appartenait plus. Il rencontre Boris, un adolescent ukrainien, et l’enfer des drogues, l’exaltation, la démence, la paranoïa, les fous rires à en crever. Pendant près de quinze ans, on suit les pas de Theo, de sa vie d’enfant à sa vie d’homme, jusqu’à Amsterdam. Existence durant laquelle trois choses l’obsèdent mortellement : la disparition de sa mère ; Pippa, la jeune fille rousse du musée dont il est tombé terriblement amoureux ; et le tableau. Ce fameux tableau qu’il a sorti de la salle et qu’il a en sa possession, alors que tous le cherchent. Tableau qu’il doit dissimuler sans faiblir, mais qu’il n’ose pas contempler, et qui le transforme en fétichiste aliéné. À l’image de l’oiseau captif, Theo est un prisonnier du passé, enchaîné à ses angoisses. Brutalement, il revient à New-York, mais même chez Hobbie, le brillant restaurateur de meubles pour qui il s’est pris d’affection, il se sent esseulé. L’explosion le poursuit toujours, fulgurante. Souffrant du syndrome de stress post-traumatique, le désormais orphelin se shoote. Les drogues le maintiennent en vie, et dans sa nouvelle vie d’antiquaire, faite de mensonges et de tromperie, son terrible isolement est des plus grands, au cœur d’une ville qui lui rappelle, sans relâche, sa mère. Roman d’apprentissage, enquête dans l’univers de l’art… « Le chardonneret », qui prend même des allures de thriller, est tout à la fois et part dans tous les sens. Donna Tartt excelle dans chaque genre narratif, posant sur le monde et ses figures romanesques, un point de vue totalement omniscient mais non dénué de mystère. Il y a vingt ans, elle publiait « Le maître des illusions » : un chef d’œuvre. Dix années plus tard, c’était « Le petit copain » : une autre prouesse littéraire. Dix ans d’une vie, chaque fois dédiée à un roman, pour celle qui ne se contente pas d’écrire, bien au contraire : elle se documente, analyse, fouille. Elle prend son temps, replace chaque point- virgule. Rien n’est dit à la légère, rien n’est laissé au hasard. Comme une ancienne camée qui raconterait ses déboires, l’auteure développe avec fièvre le quotidien de son héros, violemment secoué par le destin, tantôt anéanti, tantôt sauvé, par les drogues et l’alcool. Ici, le suspense abonde, et nous rend addictif. Elle explore le désarroi et la souffrance, l’amertume, l’abandon et le dégoût de vivre, mais aussi la bienveillance et l’affection. Il faudrait s’enfermer trois jours, oublier le quotidien et ses contraintes, pour se consacrer exclusivement au dernier roman de la talentueuse Donna Tartt. Ne pas avoir d’imprévu ni d’invité surprise... Mais comment parvient-t-elle à nous tenir en haleine à ce point ?

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