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    24 avril 2013

    Chronique

    C’est l’histoire d’un récit qui déraille, ou plutôt d’un héros (Julius Corentin Acquefacques) qui manque le récit comme on rate un train, à cause d’une panne de réveil; pour être précis, il a pris un lit sans régulateur temporel.

    Conséquence: un décalage majeur se crée dans l’histoire; la mécanique narrative est tellement détraquée que le lecteur prend l’histoire en cours de route dès la couverture, puisqu’il s’agit en fait de la page 7 ! Un début in medias res poussé à l’extrême.

    Autre conséquence de ce décalage: les personnages se retrouvent rapidement sans scénario, livrés à eux-mêmes, dans le désert du rien.

    Commence alors une errance dans le rien, ponctuée de questions métaphysiques (« Est-ce la fonction qui fait le héros ou le héros qui fait la fiction ? ») auxquelles répondent des pirouettes verbales à la Raymond Devos (« A choisir, je préfère un héros sans histoire à une histoire sans histoire ! »). Un sommet de l’absurde est sans doute atteint quand les personnages croisent un panneau de non-sens; en effet, ils se rendent compte que le panneau est immobile, c’est le rien qui se déplace!

    Hors de question de dévoiler davantage les trouvailles graphiques et littéraires dont regorge cet album. Dans cette sixième aventure de Julius prisonnier des rêves, Marc-Antoine Mathieu poursuit avec brio son exploration des possibles et des limites de la BD à travers des planches dont l’esthétique en noir & blanc est saisissante. Saluons aussi l’éditeur, dont le nom est absent de la couverture – de même que le titre et l’auteur, y compris sur la tranche. Il est donc possible de publier ce genre d’OVNI en 2013.

    Malo.

    Lire la chronique illustrée : http://www.brestenbulle.fr/?p=10648