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Fille de la campagne

Edna O'Brien

Sabine Wespieser Éditeur

  • Conseillé par
    5 octobre 2013

    Edna O'Brien réussit l'exploit de ne pas trop en faire et de ne pas agacer et comme elle sait écrire, j'ai vraiment pris plaisir à découvrir cette femme. C'est tout d'abord intéressant du point de vue de l'histoire de l'Irlande. Découvrir que des irlandais avaient préféré brûler leur maison héritée de leur famille plutôt que de la laisser aux mains des anglais comme le fit le père d'Edna est émouvant.

    En nous parlant d'elle, elle nous livre aussi l'histoire des irlandaises, celles qui n'héritaient pas et laissaient la terre au frère alors qu'elles ne recevaient que des souvenirs. Nous revenons dans un temps où l'instituteur était roi et où les élèves faisaient ses corvées et subissait ses humeurs; à cet égard, la poupée prise et gardée par l'institutrice qui la nargue en la posant sur le rebord de sa fenêtre est symbolique. Et puis, il y a des moments intemporels où on ressent de l'empathie pour l'auteure, comme lorsque sa tante lui fait une affreuse blague. Le moment de la découverte de l'amour au couvent avec cette religieuse qui lui montrera un visage très humain, puis devra lutter contre elle-même est très beau. On sourit quand sa mère dit que les poètes gagnent de l'argent sans se fouler, après qu'Edna lui ait lu un passage écrit par Shakespeare. Mais on rit jaune car ça démontre l'impossibilité que ses deux là ont à se comprendre. En effet, lorsque l'auteure devient adulte, on ne sourit plus du tout de ses relations avec sa famille, certaines scènes paraissent même complètement irréelles. On s'émerveille quand Paul McCartney vient réveiller les enfants d'Edna en pleine nuit, ou quand Richard Burton déclame Shakespeare dans son salon. Ce que j'ai aimé avec Edna O'Brien, c'est qu'on ressent sa sympathie et son admiration pour ces gens qu'elle croise.


  • Conseillé par
    14 septembre 2013

    Après avoir lu, sans les aimer, les mémoires de Nuala O'Faolain, ce fut le tour de celles d'une de ses compatriotes, Edna O'Brien. Il est difficile de résumer des tranches de vie car c'est ce que décrit Edna O'Brien, des tranches de vie représentatives des phases de sa vie. Il est à mon avis très difficile d'écrire sa biographie sans agacer, soit parce qu'on se met en avant, soit par ce qu'on veut combattre une idée ou régler des comptes et qu'il est difficile de le faire dans la dentelle. C'est ainsi que je regrette d'avoir lu l'autobiographie d'une dame de j'admire, Simone Veil.

    Edna O'Brien réussit l'exploit de ne pas trop en faire et de ne pas agacer et comme elle sait écrire, j'ai vraiment pris plaisir à découvrir cette femme. C'est tout d'abord intéressant du point de vue de l'histoire de l'Irlande. Découvrir que des irlandais avaient préféré brûler leur maison héritée de leur famille plutôt que de la laisser aux mains des anglais comme le fit le père d'Edna est émouvant. En nous parlant d'elle, elle nous livre aussi l'histoire des irlandaises, celles qui n'héritaient pas et laissaient la terre au frère alors qu'elles ne recevaient que des souvenirs. Nous revenons dans un temps où l'instituteur était roi et où les élèves faisaient ses corvées et subissait ses humeurs; à cet égard, la poupée prise et gardée par l'institutrice qui la nargue en la posant sur le rebord de sa fenêtre est incroyable. Et puis, il y a des moments intemporels où on ressent de l'empathie pour l'auteure car on se joue d'elle, comme lorsque sa tante lui fait une affreuse blague. Le moment de la découverte de l'amour au couvent avec cette religieuse qui lui montrera un visage très humain, puis devra lutter contre elle-même est très beau. On sourit quand sa mère dit que les poètes gagnent de l'argent sans se fouler, après qu'Edna lui ait lu un passage écrit par Shakespeare. Mais on rit jaune car ça démontre l'impossibilité que ses deux là ont à se comprendre. En effet, lorsque l'auteure devient adulte, on ne sourit plus du tout de ses relations avec sa famille, certaines scènes paraissent même complètement irréelles. On sourit alors davantage devant des scènes tout aussi irréelles qui ont trait à des célébrités. Paul McCartney venant réveiller les enfants d'Edna en pleine nuit est un grand et beau moment, tout comme l'est celui où Richard Burton déclame Shakespeare dans son salon. Ce que j'ai aimé avec Edna O'Brien, c'est qu'on ressent sa sympathie et son admiration pour ces gens qu'elle croise. La façon dont elle parle de John Huston est très significative puisque Nuala O'Faolain évoque le même homme. Dans les deux cas, on sent qu'on a affaire à un homme acariâtre mais dans Fille de compagne, on sent de la tendresse tout de même et elle ne relaie pas de rumeurs comme le fait Nuala O'Faolain. Tout comme est très présent son amour de ses fils et de ses petits-enfants. La lettre du fils à son père au moment du divorce, pourtant très courte, m'a émue. J'ai moins aimé la dernière partie dans laquelle Edna O'Brien relate surtout ses rencontres avec des stars, sa façon de dire qu'elle faisait partie des trois personnes que Jackie Onassis aimait le plus au monde me semble déplacé dans un livre, même si c'était vrai mais dans cette partie, j'ai été stupéfaite de découvrir le sort réservés aux écrivains jugés immoraux en Irlande et j'ai beaucoup aimé la scène où elle veut aller nager mais ne sait pas si elle va le faire car elle ne veut pas que Jude Law, endormi tout près, la voit avec ses brassards "Nivéa". Bref, j'ai globalement aimé ce portrait de femme, de mère et d'écrivain irlandaise.

    J'ai été surprise de certaines traductions (La côtelette qu'elle destinait au thé de mon père) et de la non traduction du mot hobo, rendu certes célèbre par une chanson mais tout de même.


  • Conseillé par (Libraire)
    27 avril 2013

    Son plus beau livre !

    Dés son premier livre, écrit en 1960 (Les Filles de la campagne), l’auteur s’est inscrite sur la liste des grandes plumes de la littérature anglaise.

    Dans ce dernier livre, elle ne parle que d’une seule fille de la campagne, elle-même.

    Avec un récit vagabond, pétillant, d’une très grande classe littéraire, elle nous livre la vie d’une femme libre et d’une artiste.

    On la devine belle, indépendante et frondeuse. Elle nous balade des vertes prairies irlandaises jusqu'à New-York. Elle nous fait traverser la deuxième partie du XXème Siècle.

    Elle nous offre, ici, son plus beau livre.


  • Conseillé par (Libraire)
    21 mars 2013

    Vivifiant !

    Passionnants, ces mémoires d'une Fille de la campagne est un autoportrait plein de verve d'une femme libre et profondément indépendante. Du comté de Clare à New-York en passant par Dublin et un Londres plus swinging que jamais, c'est une vie riche en rencontres qu'Edna O'Bien livre ici. Bouillonnante de vie, intellectuelle et écrivain accomplie, c'est un vraie bonheur de la lire. Vivifiant !


  • Conseillé par
    20 mars 2013

    Frères ou amants*.

    Grande dame des lettres irlandaises, qualifiée de "sulfureuse" après la parution de son premier roman "Les filles de la campagne", Edna O'Brien dont la carrière s'étend sur plus de 35 ans, nous livre ici ses mémoires!
    En tant qu'écrivain, elle alterne des livres que j'aime beaucoup "La maison du splendide isolement" que je considère comme son chef-d’œuvre que je me promets sans arrêt de relire afin qu'il figure ici et des titres que je n'ai pas du tout aimés! Je dirais que ce n'est pas une auteur facile, mais elle peut être aussi bonne romancière que nouvelliste.
    Une enfance qui aurait pu être heureuse, son père a fait un bel héritage, avec en plus des terres. Mais l'alcool, les chevaux et des affaires désastreuses firent que la famille tira sur la chandelle très longtemps!

    L'Irlande, très catholique et conservatrice dans ces années-là, envoyait sa jeunesse évangéliser le monde ou travailler à l'étranger. L'église avait peur du communisme ; le terrible "péril rouge". L'éducation était très religieuse donc fragmentaire, surtout pour les jeunes filles. Edna connait ses premiers émois de jeunesse avec une religieuse dans le couvent où elle étudie...Puis vient le départ pour Dublin, la liberté, un travail dans une pharmacie et déjà cette irrésistible envie d'écrire qui lui vaut le surnom de "La Glouton de la littérature"! Un coup de foudre entre elle et l'écrivain Ernest Gébler, les parents qui s'en mêlent, la fuite sur l'île de Man chez l'écrivain Donleavy, l'intervention de la police, l'annulation de la première union de Gébler et le départ pour Londres. Malgré la naissance de deux enfants dont Carlo, le mariage bat de l'aile et le succès d'Edna est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Gébler aura cette phrase :
    Tu peux écrire et jamais je ne te pardonnerais.
    Alors la carrière et la vie de femme libre d'Edna peuvent commencer et elle ne s'en privera pas, aidée, il faut bien le reconnaître, par une beauté certaine qui attirait les hommes.
    Le divorce douloureux, surtout pour la garde des deux garçons, les visites en Irlande où l’accueil est plutôt glacial, mais où étonnamment elle aura le soutien d'un ecclésiastique qui mérite d'être nommé ici, le père Peter Connolly. Mais le succès est là, la situation financière s’améliore, le cinéma américain achète les droits de certains de ses romans.
    Des visites à Paris dans l'hôtel où est mort Oscar Wilde, Marguerite Duras, Peter Brooks, Samuel Beckett, ici ou là de vraies histoires d'amour, des soirées un peu folles, l'écriture et la consécration comme récompense. Mais, un jour "La cigale ayant chanté tout l'été...."
    Un chapitre de ce livre se nomme "Nord" où l'auteur donne son point de vue très personnel sur la situation de cette partie de l'Irlande, car n'oublions pas qu'elle s'est inspirée d'un membre de l'IRA qu'elle a longuement interrogé pour le personnage masculin de "La maison du splendide isolement". Certainement quelques-unes des plus belles lignes de ce livre et qui rappelle qu'en Irlande, la sagesse est du côté des femmes.
    Un chapitre sur sa vie d’enseignante à New-York , enseignante, mais femme du monde, les rencontres se multiplient. Retour dans le Donegal pour clore ce livre.
    Beaucoup d'hommes et aussi le ban et l'arrière ban de lettres surtout irlandaises! Elle dresse un portrait assez caustique de Patrick Kavanagh, de Flann O'Brien. Elle connut J.P. Donleavy qui parle de l'épisode de l'île de Man dans son livre "Mon Irlande", le poète Val Iremonger, Sean Mc Bride, fondateur d"Amnistie International", elle parle aussi des précurseurs des lettres irlandaises modernes ,Yeats, Joyce, James Stephens, Lady Gregory. Par contre John Broderick, grand écrivain, pourtant dit, en parlant d'Edna O'Brien que" son talent résidait dans sa culotte". A noter que Broderick était homosexuel, ce qui explique peut-être cela!
    Un mot aussi sur John McGahern, John Cheever etc....
    D'autres hommes pas tous écrivains, Robert Mitchum en tournage à Londres, John Huston, Paul McCartney, Richard Burton, Marlon Brando....certains frères, d'autres amants, mais jamais les deux à la fois ! D'autres comédiens aussi passent au gré des pages et de leurs rencontres avec l'auteur..Parmi les anonymes un Breton, vendeur d'oignons, toujours éméché !
    Ces "Mémoires" sont plus faciles à lire que certains ouvrages de sa biographie. Un peu à la manière de James Joyce, elle a quitté l'Irlande, y retournant parfois, mais son œuvre est profondément irlandaise même si quelques histoires se passent ailleurs.
    Un portrait sans fard d'une femme très attachante pleine de convictions et animée d'une envie de vivre et de profiter au maximum des jours qui passent et qui a parfois choqué l'opinion publique irlandaise en dénonçant ses travers, l'hypocrisie, la respectabilité et une religiosité omniprésente et étouffante, avec pour résultat une misère sexuelle récurrente. Ne pas oublier aussi une censure féroce qui frappa tous les écrivains irlandais dont certains comme Edna O'Brien ou Sean O'Casey, choisir l'exil chez le pire ennemi de l'Irlande, l'Angleterre!
    * Ce titre mérite quelques explications, le dernier recueil de nouvelles d'Edna O'Brien se nomme "Saints ou pécheurs", la quatrième de couverture de ce livre nous apprend que seules deux catégories d'hommes trouvaient grâce à ses yeux, ceux qu'elle considérait comme des frères ou ceux qui devenaient ses amants!