- EAN13
- 9782897594022
- Éditeur
- Atelier 10
- Date de publication
- 10/09/2018
- Collection
- Nouveau Projet
- Langue
- français
- Langue d'origine
- français
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
Livre numérique
-
Le parcours de la combattante
Aide EAN13 : 9782897594022- Fichier PDF, avec Marquage en filigrane
1.99
J’ai connu Madame Clémence en 2010. J’avais 28 ans et je séjournais dans sa
résidence de Lachute pour y réaliser une série d’émissions pour la télévision
locale, qui m’avait embauchée comme journaliste. Vive, droite, fière, rieuse
et orgueilleuse, elle en jetait. Mise à part une vénération sans borne pour
Denis Lévesque et sa conjointe, nous étions sur la même longueur d’onde. Elle
avait eu une vie dont elle ne conservait que les meilleurs souvenirs: l’usine
de fabrication de munitions pendant la Deuxième Guerre mondiale, où elle avait
rencontré Oscar, son mari huron et premier annonceur radio de langue française
au pays; le tipi qu’elle avait tenu avec lui à Sainte-Adèle pour y vendre des
capteurs de rêve; New York, où Clémence la cuisinière et Oscar le butler
avaient servi une vieille Italienne irascible; le refuge de Saint-Michel, où
ils avaient pêché à la mouche des soirs durant avec leurs invités de marque.
Elle avait été heureuse. Et son bonheur en réserve lui garantissait des années
tranquilles en résidence, dans sa chambre qu’elle aimait tant. Pendant mes
années lachutoises, elle a été ma principale confidente. Je travaillais
beaucoup. J’étais angoissée. Et rien de mieux qu’une centenaire accomplie pour
apaiser l’anxiété de la vingtaine. Après mon départ pour Toronto, puis Québec,
j’ai gardé contact. Je savais que cette relation-là était aussi intense
qu’elle serait de courte durée.
résidence de Lachute pour y réaliser une série d’émissions pour la télévision
locale, qui m’avait embauchée comme journaliste. Vive, droite, fière, rieuse
et orgueilleuse, elle en jetait. Mise à part une vénération sans borne pour
Denis Lévesque et sa conjointe, nous étions sur la même longueur d’onde. Elle
avait eu une vie dont elle ne conservait que les meilleurs souvenirs: l’usine
de fabrication de munitions pendant la Deuxième Guerre mondiale, où elle avait
rencontré Oscar, son mari huron et premier annonceur radio de langue française
au pays; le tipi qu’elle avait tenu avec lui à Sainte-Adèle pour y vendre des
capteurs de rêve; New York, où Clémence la cuisinière et Oscar le butler
avaient servi une vieille Italienne irascible; le refuge de Saint-Michel, où
ils avaient pêché à la mouche des soirs durant avec leurs invités de marque.
Elle avait été heureuse. Et son bonheur en réserve lui garantissait des années
tranquilles en résidence, dans sa chambre qu’elle aimait tant. Pendant mes
années lachutoises, elle a été ma principale confidente. Je travaillais
beaucoup. J’étais angoissée. Et rien de mieux qu’une centenaire accomplie pour
apaiser l’anxiété de la vingtaine. Après mon départ pour Toronto, puis Québec,
j’ai gardé contact. Je savais que cette relation-là était aussi intense
qu’elle serait de courte durée.
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