- EAN13
- 9782897593995
- Éditeur
- Atelier 10
- Date de publication
- 10/09/2018
- Collection
- Nouveau Projet
- Langue
- français
- Langue d'origine
- français
- Fiches UNIMARC
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Livre numérique
Qui donc alors est responsable de la violence subie par ces ouvrières?
Personne en particulier, suggèrent Kervern et Delépine. Leurs héroïnes sont
victimes d’un impératif qui domine nos sociétés: la nécessité d’accumuler du
capital. Par malheur pour elles, leur travail s’est révélé moins profitable
que celui d’autres humains, ailleurs sur la planète. D’où la délocalisation de
leur usine. Quant aux cadres, en prenant cette décision brutale, ils n’ont
fait que se soumettre à la même discipline. Y déroger les aurait condamnés à
perdre eux aussi leur travail, tôt ou tard. L’obligation de contribuer à cette
accumulation de richesses s’est refermée sur nous comme une invisible «cage
d’acier», selon l’expression de Max Weber. Dans cette prison sans barreaux,
que l’on soit employé ou employeur, nous subissons toutes sortes de violences
ordinaires, dont celle de vivre avec la peur constante d’échouer à se faire
une place dans le jeu capitaliste ou à préserver celle que l’on occupe. Notre
sort est analogue à celui de ces rats de laboratoire vivant dans la crainte
des décharges électriques que leur infligeait périodiquement le
neurobiologiste Henri Laborit pour étudier les effets physiologiques du
stress. À la différence qu’aucun expérimentateur ne peut ici être mis en
cause.
Personne en particulier, suggèrent Kervern et Delépine. Leurs héroïnes sont
victimes d’un impératif qui domine nos sociétés: la nécessité d’accumuler du
capital. Par malheur pour elles, leur travail s’est révélé moins profitable
que celui d’autres humains, ailleurs sur la planète. D’où la délocalisation de
leur usine. Quant aux cadres, en prenant cette décision brutale, ils n’ont
fait que se soumettre à la même discipline. Y déroger les aurait condamnés à
perdre eux aussi leur travail, tôt ou tard. L’obligation de contribuer à cette
accumulation de richesses s’est refermée sur nous comme une invisible «cage
d’acier», selon l’expression de Max Weber. Dans cette prison sans barreaux,
que l’on soit employé ou employeur, nous subissons toutes sortes de violences
ordinaires, dont celle de vivre avec la peur constante d’échouer à se faire
une place dans le jeu capitaliste ou à préserver celle que l’on occupe. Notre
sort est analogue à celui de ces rats de laboratoire vivant dans la crainte
des décharges électriques que leur infligeait périodiquement le
neurobiologiste Henri Laborit pour étudier les effets physiologiques du
stress. À la différence qu’aucun expérimentateur ne peut ici être mis en
cause.
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