- EAN13
- 9782072552281
- Éditeur
- Gallimard
- Date de publication
- 22/10/2014
- Collection
- Folio
- Langue
- français
- Langue d'origine
- français
- Fiches UNIMARC
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Livre numérique
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"Longtemps j'ai rêvé du Monde. J'y serais entré même à genoux ! Depuis mon
premier article, paru en 1981 – j'étais encore étudiant –, jusqu'à mon départ,
en février 2011, près de trente années se sont écoulées. Je me souviens de
tout. La rue des Italiens, les séances de Bourse au palais Brongniart, mes
premiers reportages. Je revois les affamés d'Éthiopie, le visage de Mandela,
la trogne de Noriega. Je revois les kolkhozes d'Ukraine, le marché aux grains
de Chicago, les élégantes du Viet Nam. J'entends la voix de Jacques
Benveniste, qui croyait à la mémoire de l'eau, Jane Birkin parlant de
Gainsbourg, tant de silhouettes, tant de reportages. Le journalisme fut mon
pain de tous les jours. Je suivis d'un cœur léger ses mots d'ordre : voyager,
rencontrer, raconter. Puis recommencer. Élu directeur, j'ai plongé dans
l'aventure collective. Il a fallu garder confiance quand les dettes
s'accumulaient, et que le Net ébranlait la galaxie Gutenberg. Il a fallu
réinventer ce journal dans l'urgence et la douleur, sans gros moyens, avec la
foi du charbonnier. Il a fallu aussi approcher le pouvoir et le tenir à
distance. La mer était souvent agitée. J'ai tout revu, tout revécu. J'ai tout
aimé ou presque, sachant avec Cioran qu'il faut parfois avaler l'amer avec le
sucré. J'ai quitté Le Monde mais Le Monde ne m'a pas quitté." Éric Fottorino.
premier article, paru en 1981 – j'étais encore étudiant –, jusqu'à mon départ,
en février 2011, près de trente années se sont écoulées. Je me souviens de
tout. La rue des Italiens, les séances de Bourse au palais Brongniart, mes
premiers reportages. Je revois les affamés d'Éthiopie, le visage de Mandela,
la trogne de Noriega. Je revois les kolkhozes d'Ukraine, le marché aux grains
de Chicago, les élégantes du Viet Nam. J'entends la voix de Jacques
Benveniste, qui croyait à la mémoire de l'eau, Jane Birkin parlant de
Gainsbourg, tant de silhouettes, tant de reportages. Le journalisme fut mon
pain de tous les jours. Je suivis d'un cœur léger ses mots d'ordre : voyager,
rencontrer, raconter. Puis recommencer. Élu directeur, j'ai plongé dans
l'aventure collective. Il a fallu garder confiance quand les dettes
s'accumulaient, et que le Net ébranlait la galaxie Gutenberg. Il a fallu
réinventer ce journal dans l'urgence et la douleur, sans gros moyens, avec la
foi du charbonnier. Il a fallu aussi approcher le pouvoir et le tenir à
distance. La mer était souvent agitée. J'ai tout revu, tout revécu. J'ai tout
aimé ou presque, sachant avec Cioran qu'il faut parfois avaler l'amer avec le
sucré. J'ai quitté Le Monde mais Le Monde ne m'a pas quitté." Éric Fottorino.
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